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Octobre 2020

Résumé aux décideurs

  • Le numérique est à la fois outil et défi pour la transition carbone : les opportunités qu’il propose sont réelles, mais soumises aux mêmes contraintes que le reste de nos systèmes. Il est donc de notre ressort et de notre responsabilité de choisir les directions à donner à nos usages et infrastructures numériques pour en garantir la résilience et la pérennité

  • Aujourd’hui, la croissance de nos systèmes numériques est insoutenable – +9 % d’énergie consommée par an – et est construite autour de modèles économiques qui rentabilisent l’augmentation des volumes de contenus consommés et de terminaux et infrastructures déployés – notamment à travers l’« économie de l’attention ».

  • La sobriété numérique, c’est passer d’un numérique instinctif voire compulsif à un numérique piloté, qui sait choisir ses directions : au vu des opportunités, mais également au vu des risques.

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Conclusions principales

  • Certaines innovations connectées recèlent un potentiel de gain environnemental et d’autres n’en ont structurellement pas la capacité : il n’est donc justifié ni d’avoir une attitude de rejet généralisé ni de faire montre d’une foi aveugle à leur égard
  • L’impact de la consommation énergétique (énergie grise et en fonctionnement) de la couche numérique appliquée à un système peut surpasser l’économie d’énergie venant du gain d’efficacité énergétique du système.
  • Démarche d’entreprise, gouvernance ..
  • Notre hyperconsommation numérique telle qu’elle existe aujourd’hui résulte de mécanismes psycho-sociétaux identifiés. Ce qui est en jeu dépasse les « bonnes pratiques » individuelles : il est urgent de recouvrer et de conserver la maîtrise de nos interactions numériques à l’échelle collective.
  • Comprendre la construction et les impacts des usages
  • Tout un champ d’actions publiques est à développer

Une méthodologie pour analyser la pertinence énergétique des projets connectés

  • Le modèle STERM (Smart Technologies Energy Relevance Model), développé par le groupe de travail du Shift Project, permet d’évaluer la pertinence énergétique nette de solutions connectées pour des cas d’étude définis

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Un guide de pilotage environnemental du système d’information

  • Pour maximiser la contribution à la neutralité carbone du secteur numérique, il faut non seulement optimiser l’usage de l’énergie et des ressources naturelles mais également minimiser le renouvellement des équipements et dédier les ressources aux usages qui ont la plus forte valeur sociétale.

Une étude de nos usages numériques : comprendre pour choisir

  • Déployer une certaine infrastructure et les technologies attenantes, c’est choisir de favoriser, même par défaut, une certaine typologie d’usages (qu’ils soient déjà existants ou émergents).
  • Nos usages numériques se construisent aujourd’hui autour d’automatismes, de designs de captation de l’attention et de modèles économiques rendant profitable la consommation continue de contenus rendus omniprésents

Rapport principal

Introduction : le numérique, une transition à repenser

Les technologies numériques forment un système d’envergure mondiale : les terminaux (smartphones, ordinateurs, tablettes etc.) se connectent entre eux via des infrastructures réseaux (câbles terrestres et sous-marins, antennes de réseaux mobiles, fibres optiques etc.) afin d’échanger des informations stockées et traitées dans les centres de données, cœurs battants de ce système. Or chacun de ces éléments nécessite de l’énergie non seulement pour fonctionner (phase d’utilisation) mais également, avant cela, pour être produit : extraction minière des matières premières, processus industriels puis livraison aux consommateurs et consommatrices nécessitent des ressources conséquentes, loin d’être négligeables.

(voir schema : Distribution de la consommation d’énergie finale du numérique par post)

Car si notre système numérique est un outil à la valeur certaine au vu des défis de ce XXIème siècle, il reste soumis aux mêmes contraintes physiques (disponibilité énergétique et en ressources minières,contrainte climatique, vulnérabilité des écosystèmes, autres contraintes environnementales) que l’ensemble des systèmes de la planète.

B. Des dynamiques numériques actuellement insoutenables

  • Le numérique tel qu’il est conçu et utilisé aujourd’hui évolue selon des dynamiques qui sont incompatibles avec les contraintes inhérentes à des ressources finies.
  • En 2019, près de 4 % des émissions carbonées mondiales sont dues à la production et à l’utilisation du système numérique. Cela représente davantage que les 2 % usuellement attribués au transport aérien civil et, avec une augmentation qui s’élève aujourd’hui à 8 % par an, cette part pourrait doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – de l’ordre des émissions des voitures et deux-roues actuellement (cf. Figure 2).

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  • malgré les avancées technologiques prodigieuses de ces dernières années, une réduction effective de la consommation énergétique totale de nos technologies ne peut se faire à court et moyen termes qu’au travers d’un système d’usages construit et réfléchi.

C. Pour une sobriété numérique

  • La question centrale de la réflexion sur la sobriété numérique est celle des usages
  • Le système d’usages est intrinsèquement lié à la réalité physique des infrastructures : par exemple, l’évolution du volume de données entraîne le développement des infrastructures qui les transportent, les traitent et les conservent, permettant ainsi à de nouveaux usages d’apparaître, eux-mêmes plus gourmands en données grâce à cette nouvelle disponibilité. C’est cet enchaînement d’effets rebond qui régit aujourd’hui l’évolution du système numérique mondial et que la sobriété numérique questionne

Objectifs et démarche du groupe de travail

  • 1er rapport : « Lean ICT – Pour une sobriété numérique » (The Shift Project, 2018), a permis de dresser les constats quantitatifs indispensables pour comprendre et caractériser l’impact environnemental du numérique.

  • Notre second rapport, « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne » (The Shift Project, 2019), a commencé à identifier les questions indispensables à la réalisation d’un système d’usages sobre opérationnel.

  • Le présent rapport met à disposition un ensemble de constats et de cadres méthodologiques utilisables par le grand public, les entreprises, les collectivités publiques et l’État pour définir et déployer des stratégies de sobriété numérique.